Résoudre le défi climatique dans la construction
Pourquoi la lutte contre les émissions carbone du secteur de la construction est l'un des principaux leviers climatiques aujourd'hui ?
La construction et l'exploitation minière sont responsables de 18% des émissions mondiales de CO₂. C'est beaucoup, mais l'attention se porte plutôt sur la mobilité (9%) ou le transport aérien (3%). Le manque de sensibilisation ne serait pas un problème si des mesures étaient prises, mais le secteur industriel semble avoir de grandes difficultés à résoudre le problème de l'intérieur.
Le secteur de la construction semble être laissé pour compte dans une ère de changement
La productivité du secteur de la construction a chuté de 20% depuis 2001 en France, alors que la plupart des autres secteurs ont connu une forte augmentation de la productivité. Dans tous les autres secteurs, la moitié des entreprises ont été rachetées ou ont fait faillite au cours des 20 dernières années, mais 85% des entreprises de construction sont toujours là, inchangées. Pourquoi ?
Une hypothèse est la forte fragmentation qui empêche un changement de l'intérieur : 99,9% des entreprises de la construction sont des microentreprises ou PME. Ces entreprises créent plus de 70% de la valeur ajoutée dans la construction et 70% du chiffre d'affaires du secteur. C'est un exemple classique de fragmentation. Et cela pourrait également expliquer pourquoi les dépenses de R&D en général sont assez faibles par rapport aux autres secteurs.
Le défi climatique s'amplifie
Pour compliquer les choses, de nombreuses constructions et leurs émissions sont encore à venir. En 2016, on estime que 235 milliards de m² de surface au sol ont été atteints. Il nous a fallu plus de cent ans pour en arriver là. Au cours des 40 prochaines années, 230 milliards de m² de bâtiments supplémentaires seront construits dans le monde. Cela signifie que la surface au sol des bâtiments du monde entier devrait doubler en seulement quatre décennies : c'est comme ajouter chaque année à la planète la superficie du Japon jusqu'en 2060 ou... ajouter 13 000 nouveaux logements chaque jour pendant les 40 prochaines années.
Si l'on ajoute à cela la tendance actuelle de l'urbanisation, on peut comprendre pourquoi les projets deviennent de plus en plus complexes et contraignants, alors que le secteur reste fragmenté. Les sites seront toujours géographiquement dispersés. L'assemblage restera très local, car les structures entièrement assemblées sont encore trop lourdes pour être transportées, et il y aura toujours une distance physique et temporelle entre les parties concernées. Tout cela s'ajoute à l'énorme défi que représente la résolution des émissions provenant de la construction et de l'exploitation minière, mais montre aussi pourquoi la construction est l'un des plus grands leviers pour un impact positif sur le climat.
Le monde de la construction doit changer
Il est évident qu'il n'y a pas d'autres solutions que de changer, les enjeux de la réduction de l'impact carbone deviennent inévitables. Le défi est immédiat et la façon dont nous construisons aujourd'hui deviendra bientôt impossible. Les exigences climatiques et la réglementation vont considérablement augmenter, tandis que les actionnaires exigent déjà des réponses et plus de transparence. Cela ne fait aucun doute que le secteur doit changer, mais comment ?
Plus d'efficacité, moins de déchets. La construction doit devenir et deviendra à terme une économie orchestrée. Orchestrée par des chaînes d'approvisionnement autonomes et circulaires qui s'appuient sur l'intégration de tous les faisceaux de données qui émergent actuellement lorsque des actions simples sont numérisées. Les trillions de points de données relevés permettent déjà aux opérationnels et décisionnaires de prendre de meilleures décisions grâce à une visibilité de bout en bout sur les flux de travail.
C'est cette transparence que nous souhaitons offrir à nos clients. D'abord il s'agit de mesurer son impact carbone par rapport notamment aux données de consommation de carburant des machines sur l'ensemble du cycle de vie d'un projet. Tous les points de donnée émis par les matériels sont des indicateurs clés qui permettent d'identifier des axes de réduction d'émissions comme : l'optimisation de l'utilisation et du chargement de camion, pouvant amener à une réduction de la flotte de 20%, ou l'identification et la lutte contre le taux de ralenti des engins responsable en moyenne de plus de 7 tonnes de CO₂ rejetées par machine par an. Si l'on ajoute à tout cela les progrès en cours sur les matériaux et les engins, nous obtenons une orchestration globale pouvant amener à une réduction de 98% des émissions sur chantier.
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Un nouveau marché plus attractif s'ouvre
Non seulement la construction peut avoir un impact fort sur la réduction carbone mais en plus le secteur n'en deviendra que plus attractif. Dans rapport sur la construction tech de Sifted, le financement à risque dans le secteur de la construction tech est comparé à d'autres marchés B2B et B2C. Il a été constaté qu'il faut à chaque secteur 2 à 4 ans pour passer de 5 à 10 milliards de dollars d'investissement, puis 2 à 3 ans de plus pour passer de 10 à 50 milliards de dollars. La construction vient de franchir la barre des 10 milliards de dollars et cela a pris 3,5 ans. D'après le rapport, c'est l'un des indicateurs qui montre que dans les 2 à 3 prochaines années, la construction tech va éclater pour atteindre 50 milliards de dollars ou plus.
Le changement est activé
On observe déjà aujourd'hui des comportements de rupture par rapport à des pratiques jusqu'ici inchangées et une volonté d'investir dans une économie adaptée aux défis du XXIe siècle. Récemment le Pays de Galle disait stop à la construction de nouvelles routes pour atteindre leur objectif de neutralité carbone d'ici 2050. Par ailleurs, l'année dernière McKinsey a cité le Covid-19 comme un accélérateur majeur de la transformation de l'industrie de la construction. Selon une enquête du fabricant de logiciels de construction Procore, 66% des entreprises de construction interrogées au Royaume-Uni ont adopté une nouvelle technologie pendant le confinement, 94% d'entre elles faisant état d'améliorations opérationnelles en conséquence.
La monde de la construction a les clés pour avoir un impact positif sur le climat et respecter l'engagement pris par les pays Européens dans le European Green Deal afin de devenir le premier continent neutre sur le plan climatique d'ici à 2050.