Maîtriser sa consommation et réduire son empreinte carbone
L’objectif de cet article est de proposer des pistes pour répondre au défi de la baisse des émissions de CO₂ par l’optimisation des consommations, du taux de ralenti des matériels et des opérations terrain.
Le constat est clair et il est surtout alarmant : la courbe des émissions de CO₂ dans le BTP ne cesse de grimper et celles-ci ont atteint « un niveau jamais vu », selon le rapport annuel de l’ONU en 2020 sur le sujet. L’étude réalisée par les Nations-Unies concerne à la fois l’énergie utilisée lors de la construction de bâtiments et celle consommée par ceux qui existent déjà. Au total, les auteurs du rapport estiment qu’en 2019, le secteur a émis… 10 milliards de tonnes de CO₂.
Les engins de chantier ont évidemment un énorme impact : un tiers des émissions totales est lié à leur consommation de gazole. Et même si la flotte d’engins fonctionnant à l’électrique est appelée à se développer, le gazole continuera pour un moment encore à occuper une place prépondérante. Aujourd’hui, le bilan carbone est devenu un critère d’évaluation et un facteur de réussite majeur pour tous les acteurs du BTP, grands groupes tels que Bouygues Construction et Vinci comme petites entreprises. La réduction des émissions est évidemment l’arme majeure pour améliorer ce bilan carbone et les acteurs de la construction n’ont d’autres solutions que de réduire leur consommation de carburant s’ils veulent avoir un impact sur le CO₂ émis. La condition sine qua non pour répondre au défi de la baisse des émissions est l'utilisation des données des engins connectés :
« Les grands acteurs annoncent vouloir réduire de 40% leurs émissions de CO₂ d'ici 2030, mais cet objectif ne peut être atteint sans la connaissance de l'empreinte carbone réelle. Et ceci est à la portée de tous les exploitants de matériels, grâce à l'exploitation des données. » Charles Bénard, CPO et co-fondateur de Hiboo
Les informations collectées par la donnée permettent - dans un premier temps - d'établir un périmètre d'analyse, puis de visualiser et identifier le potentiel de réduction des émissions résultant des ajustements opérationnels. En s’appuyant sur ces données, il est ensuite plus facile de définir un plan d'action à tous les niveaux.
Non seulement la donnée des matériels permet d'avoir une vision carbone au niveau de son parc, ses chantiers ou ses machines, mais elle est aussi clé pour optimiser l’utilisation des matériels et réduire leur consommation… et donc leurs émissions. Elle permettra notamment d'agir sur les éléments suivants :
1. Réduire le taux de ralenti des matériels
Un taux de ralenti des matériels est la cause majeure d’émissions, comme le révélait en 2019 une étude de cas de l’ASCE (American Society of Civil Engineers) réalisée sur plusieurs sites de construction. En moyenne, les matériels tournent au ralenti 40 % de leur temps et ce ralenti brûle 4l/h de gazole, soit 2 400l/an/machine !
L’impact de la réduction de 40 % à 30 % du taux de ralenti se traduit par une économie de 600l/machine/an, soit 1,9 tonne de CO₂ en moins par machine/an. Sur un parc de 1 000 matériels, cela occasionne 3 245 tonnes de CO₂ en moins par an, en même temps qu’une économie de carburant de 1 450 800 € par an. La réduction du taux de ralenti permet également une forte économie de carburant, une réduction des coûts de maintenance ainsi qu'un allongement de la durée de vie du matériel, qui est aussi d’une certaine manière une économie de CO₂. Gagner un an dans le renouvellement d’une machine permet de lisser les émissions de CO₂ sur une année de plus. In fine, cela représente le même poids d’émissions de CO₂ rejeté dans l’atmosphère mais avec la possibilité de respecter plus facilement un bilan annuel de CO₂. Et on peut toujours faire mieux, comme l’a montré NGE, client de Hiboo.
« Avec le support d’Hiboo, nous avons réduit notre taux de ralenti de 34 à 28 % en six mois, et nous visons 20 % à moyen terme » Thierry Robert, directeur matériel chez NGE.
5 solutions pour réduire le taux de ralenti des matériels
- Sensibiliser les conducteurs sur le terrain
- Former les conducteurs à la conduite économe
- Arrêter les camions qui attendent plus de 5 minutes pour charger ou décharger
- Limiter la mise en marche du moteur à 3-5 min chaque matin
- Favoriser les matériels dotés de système "stop and start"
Mesurez via notre calculateur, les économies possibles pour votre parc grâce à une réduction du taux de ralenti.
2. Suivre et optimiser les consommations des matériels
Détenir les données d’exploitation des engins répond à de nombreux cas d'usages et permet notamment d’améliorer la productivité, de réduire les consommations, et de comparer les modèles de matériels. Grâce à la centralisation de toutes les sources de données des matériels, un service d’exploitation peut par exemple comparer sur des rapports les différences de productivité des matériels, ainsi que les gains en carburant qui peuvent être générés.
3. Exploiter au mieux ses matériels
Les données d’exploitation permettent aussi d’utiliser le bon matériel pour la bonne tâche.
« Un matériel trop puissant, donc sous-exploité, consommera trop pour la tâche qu’il a à effectuer. Un matériel trop petit sera au maximum de ses capacités et ne travaillera pas à son régime optimal », comme l’explique Gilles Rambaud dans Le Moniteur.
Une pelle de 30t peut être trop puissante pour une tâche, versus une pelle de 20t qui consomme moins. Il est donc important de visualiser et être alerté des matériels sur-utilisés ou sous-utilisés afin de prendre des mesures sur le terrain.
4. Optimiser les déplacements des matériels
Connaître les positions de ses équipements permet de mieux les répartir. Lorsqu'un certain type de matériel est nécessaire, il est possible d'identifier rapidement celui qui est disponible et le plus proche. Cela permet d'économiser sur le prix du transport et d'émettre moins de CO₂. Si en plus l'utilisation réelle des équipements est connue, il est même possible de savoir quel matériel n'est pas réellement utilisé. Un plus grand nombre de matériel devient alors disponible, encore plus proche voire sur le même chantier.
Voir plus loin…
- Le bilan carbone n’est pas encore obligatoire pour les PME, mais cela pourrait rapidement arriver.
- Le suivi de la consommation est non seulement nécessaire pour l’aspect environnemental, mais en termes de coûts aussi, d’autant que le gouvernement a déjà approuvé la détaxe du GNR dans son projet de Loi des Finances 2020.
- L’étape suivante pourrait être le passage à l’électrique. Certains constructeurs comme Volvo proposent déjà des pelles électriques. Le mouvement ne peut que s’accélérer dans les années à venir.
- Les innovations et startups dans le secteur du BTP se développent et détiennent un savoir-faire sur lequel les majors du BTP s'appuient.